dimanche 13 avril 2014

Interview des plasticiens et de Cannelle Tanc



Julia BAUDRY.



            - Sur quoi tu travailles ? « Le sujet c’est l’égographie, c’est ce qui va mêler le personnel et la cartographie. Moi j’ai choisi un itinéraire qui va de la Bibliothèque Labbé Grégoire au Jardin de l’Evêché où je mettrais en scène ma disparition : un peu à la manière d’une enquête de police, je mettrais en évidence les indices laissés, sur le trajet, de ma personnalité. Et bien sûr je retravaillerais la carte à ma manière ».
            - Pourquoi ce choix d’itinéraire ? « C’est vraiment un trajet que je fais souvent, je vais régulièrement à la bibliothèque pour travailler et au jardin de l’Evêché plus pour me détendre ».
            - Est-ce que tu considères cet itinéraire comme ton territoire ? « Ce n’est pas mon territoire bien que je n’y reste pas j’y suis en mouvement, c’est juste mon trajet habituel. Mon territoire c’est soit la bibliothèque soit le jardin, mais pas cette passerelle entre les deux et c’est pour ça que j’y aurais disparu ».
            - En quoi le trajet sur lequel tu travailles, peut-il faire écho à d’autres habitants de Blois ? « Parce que je pense que je ne suis pas la seule à faire ce trajet, ce sont deux lieux symboliques de Blois et qui concernent toutes les catégories de personnes, des plus jeunes aux plus âgés ».
            - Autre sujet ; Blois, y es-tu née ?  « Oui je suis née à Blois ».
            - Et tu t’y sens chez toi ou il y a un autre endroit, pour d’autres raisons où tu te sens chez toi ? « Je me sens chez moi à Blois et en même temps je connais peut-être trop Blois pour m’y intéresser. C’est devenu un endroit qui m’ennuie car je le connais sûrement trop même si c’est chez moi ».

Romain Garnier.


- Tout d’abord, sur quoi tu travailles ? « Sur l’égographie, une carte qui nous reflète nous. Mon projet c’est de faire comme une carte de boucher, sauf qu’à la place du bœuf ce serait moi, avec les parties découpées et chacune de ces parties représenterait la ville de Blois comme la bibliothèque ou les Lobis, mais c’est vraiment un zoom sur la matière qui constitue ces endroits ».
- Pourquoi ce choix de confondre ton corps et la ville où tu habites ? « C’est principalement  pour être en harmonie avec le sujet, à la base mon idée n’était pas ça, mais je me suis dit que c’était une bonne idée de mêler les deux, un peu une obligation  ».
- Donc Blois est autant ton territoire que ton corps l’est, ou c’est parce que c’est le territoire imposé par le sujet ? « On va dire les deux. C’est une obligation à cause du sujet, mais en même temps ça me convient ».
- Tu es attaché à Blois alors ? « Je ne suis pas né ici, mais j’ai vécu ici à partir de mes 6 ans, donc c’est comme si j’y avais passé toute ma vie, donc j’y suis attaché, normal oui ».
- Que comptes-tu faire partager à travers le travail que tu vas exposer dans la borne ? «  Déjà c’est une sorte d’autoportrait où on me verra à quatre pattes, car je trouvais l’ambiguïté Homme/animal intéressant mais aussi comique. Ce n’est pas vraiment sérieux, ça me faisait marrer de faire ça alors j’espère que ça fera marrer les passants ».

Anne Le Mintier


 - Tu travailles sur quoi ? « C'est une représentation mentale d'une carte, donc pas une carte géographique en soit. C'est pour montrer les différents choix qu'on peut prendre. C'est centré sur la gare ».
- Pourquoi as-tu choisi ce territoire, la gare ? « La gare, surtout pour l'idée du train, on choisit la direction, on sait où on va mais on ne connaît pas le chemin par où on passe ».
- Tu te sens chez toi à Blois ? « Pourquoi ne pas avoir choisi un endroit dans Blois ? Je me sens chez moi à Blois mais la représenter ne m'intéressait pas vraiment ».
- En quoi le territoire sur lequel tu travailles peut faire écho à quelqu'un d'autre ? « Je ne sais pas trop, peut-être l'idée de choix, ou de hasard par rapport au chemin qu'on prend... ».

Rayane Said.


- Tu travailles sur quoi ? « Un « projet » de métro dans Blois qui desservirait les endroits dans lesquels je me sens plus à l'aise à Blois, d'où le côté « ego » de « egographie ». Ça se présentera comme une grande carte comme dans le métro parisien accompagné d'un présentoir à tickets et tout ce qui va avec, pour faire croire que c'est vrai ».
- Pourquoi as-tu choisi ce territoire ? « Parce que c'est l'endroit où je m'y sens le mieux, où je vais le plus souvent et où j'ai le plus de souvenirs ».
- Est-ce que c'est ton territoire ? « Oui ! Même si j'ai passé mon enfance à Paris, je me sens plus chez moi ici que là-bas car c'est ici que j'ai passé mon adolescence et ce sont des moments plus importants que ceux de l'enfance, c'est là que beaucoup de choses se jouent ».
- En quoi le territoire sur lequel tu travailles peut faire écho pour quelqu'un d'autre ? « Ce sont des endroits publics, donc c'est commun à tous, j'ai une volonté de partage à travers ça. Je veux que les gens pensent qu'il va y avoir un vrai métro et qu'ils regardent la carte avec curiosité ».

Juliette Philippeau


- Tu travailles sur quoi ? « Alors je travaille sur les escaliers de la Maladrerie à Blois ».
- Pourquoi as-tu choisi ce territoire? « C'est un trajet qui me tenait à cœur parce qu'à chaque fois que je dois le prendre, je suis pressée et du coup je l'aborde différemment : je ne le prends pas comme un escalier mais comme un obstacle ».
- Mais est-ce que tu considères ça comme faisant partie de ton territoire ? « Dans le sens où je l'exploite on peut dire que oui... Mais sinon, non, et je n'ai pas envie que ça le soit ! ».
- Donc c'est quoi ton territoire à toi ? « Je ne pense pas que ça va te parler mais ce serait le Lavoir de la ville au Clair ».
- Donc tu ne te sens pas forcément chez toi à Blois vu que tu es seulement à l'internat ici, c'est ça ? Si, parce qu'on se crée un peu notre « chez soi » mais ça ne l'est pas complètement, ce n'est pas mon « propre chez moi ».
- En quoi l'escalier sur lequel tu travailles ça peut toucher les autres ?  « Je pense qu'ils comprennent leur douleur aussi... (rires) Ça peut leur parler aussi parce qu'on affronte tous un escalier un jour et on ne l'aborde pas tous de la même façon, par exemple tu as le sportif qui va y aller à fond et puis tu as moi qui vais faire des pauses toutes les dix minutes pour fumer une clope... ».

Mael Mubalegh


- Sur quoi tu travailles ? « Sur la Loire et la façon dont la Loire est éphémère, comment sa fugacité rentre en tension avec la permanence de la ville ».
- Pourquoi tu as choisi la Loire ? « Je vois la ville un peu comme un réseau mental, ça se voit bien sur un plan. Je trouve que la Loire comme c'est de l'eau, un fleuve, liquide quoi, ça fait penser à l'inconscient, à la pensée, aux flux de l'esprit en quelque sorte et ça s'oppose à la ville qui pour moi est comme un corps, un organisme ».
- Est-ce que tu considères la Loire comme faisant partie de ton territoire ? « Oui, totalement, c'est une partie de moi ».
- Tu es né à Blois ? Tu t'y sens chez toi ? « Oui, j'y suis né et oui je m'y sens chez moi, comme partout ailleurs ! »
- Tu te sens chez toi partout ? « Absolument ! »
- En quoi tu penses que ton projet ça va pouvoir parler aux autres ? « C'est un projet qui touche beaucoup à l'intime donc tout le monde va pouvoir se retrouver dedans. Ce sera très ouvert, c'est-à-dire que le sens ne surgira pas comme ça, à la première vision ».
- Donc il va falloir y réfléchir ? « Voilà, et le spectateur va devoir s'impliquer dans cette œuvre ».

Cannelle TANC.


- Sur quoi porte votre travail ? « Je travaille sur les cartes et l’architecture ».
- Que signifie la notion de territoire pour vous ? « C’est l’endroit où je me déplace, c’est l’endroit des villes, l’endroit où on est ».              
- Comment considérez-vous cette notion dans le cadre de votre travail ? « Je l’utilise telle une notion abstraite, parce que je le redessine. Le territoire me sert de prétexte à travail ».
- Puisque vous travailler sur les cartes d’un peu partout, avez-vous votre territoire ? « Oui j’ai forcément mon territoire. J’ai mon territoire de maison, mes petits parcours, etc… Mais en fait je prends prétexte de la carte pour toucher d’autres territoires, qui seront prétextes à réalisation d’œuvres. On va dire que ce qui m’intéresse vraiment c’est le déplacement, j’aime vraiment me déplacer, ça fait partie de moi ».
- Donc le territoire est votre outil de travail ? « Oui, mais des fois je n’aime pas qu’on me demande de travailler sur le territoire en tant qu’urbaniste. Car je travaille sur le territoire mais pas comme les urbanistes.  Eux ils voient toujours un côté très institutionnel, avec des codes, des choses comme ça. Alors que pour moi il s’agit plutôt comme un espace de création ».

- Vous voulez faire passer quoi à travers vos œuvres ? « Je ne sais pas, on ne sait jamais. C’est tellement subjectif. J’essaie sûrement de faire passer mon idée du territoire ».


L'Arty Territoire



Depuis le 07 mars dernier, la « borne » s’est arrêtée dans la ville de Blois, place Jean Jaurès.
Mais qu’est-ce que la « borne » ? On peut définir la borne comme un espace itinérant permettant de mettre en contact l’art contemporain et le grand public. Elle ressemble  à une sorte de container ou de caravane de 8m² recouverte de zinc. L’artiste peut aménager l’intérieur de celle-ci à son bon vouloir, comme s’il avait à faire à une toile blanche.
Cette borne et tout ce qu’elle implique nous a amené à nous interroger sur la notion de territoire.

La notion de territoire.
Au quotidien, on définit le territoire comme l’étendue de terre occupée par un groupe d’humains ; ou alors un espace donné aménagé par le vivant en général. Il est donc normal de penser que l’espace où l’on réside soit notre territoire. Or, en s’intéressant de plus près à ce qui se passe autour de nous, on remarque que la réalité s’avère être plus compliquée que ce qu’il n‘y parait :
§  Tout d’abord, le territoire est lié à la vie de manière historique : la vie sur Terre est née, grâce à des conditions territoriales très spécifiques comme la présence d’une atmosphère par exemple. Si ces conditions n’avaient  pas été réunies, il n’y aurait pas eu la possibilité d’un développement du vivant. L’ensemble des conditions générales créent un territoire spécifique.

§  Ensuite, nous pouvons asserter, dans le cadre de la culture, l’existence d’un passage entre la vie propre correspondant au territoire de survie, et la vie quotidienne correspondant au territoire symbolique. Prenons l’exemple des premiers Hommes, vivant dans un monde hostile, ils avaient pour priorité de survivre et ce n’est que plus tard, avec l’évolution de leurs conditions de vie, qu’ils ont pu, en délaissant la survie, davantage observer ce qui les entourait, et ainsi commencer à étager une certaine symbolique sur leur territoire en nommant les choses.


§  Enfin, nous pouvons remarquer que de nos jours, à la différence de nos ancêtres qui choisissaient leur lieu de vie selon la nourriture, ou la sécurité qu’ils pouvaient y trouver, l’Homme s’inscrit dans un territoire non pas pour son contenu mais pour ce qu’il représente. Par exemple, un homme se dira fier d’être d’un pays, pour l’image positive qui en émane, c’est une question de symbolique et non plus de contenu.


La notion de territoire appliquée à l’art.
            Dans le traitement de cette notion, un problème se pose tout de même à nous : le langage nous empêche de définir entièrement ce qu’est notre territoire. Les mots ne sont pas à même d’exprimer toutes les émotions. Pour pallier à ce problème, il y a l’art. L’artiste peut exprimer ce dont le langage est incapable.
            De plus, là où « Mr tout le monde » verra le territoire qui l’entoure comme banal et sans intérêt ; l’artiste, lui, pourra y percevoir sa singularité. L’artiste analysera, et métamorphosera les symboles et les normes qui sont attachés à notre territoire et proposera ainsi  une vision originale du monde.


           
Ce qu’en pensent les artistes…
            Au cours de nos recherches, nous avons jugé bon de d’interviewer des « experts ». D’abord une artiste aguerrie, Cannelle Tanc, puis de jeunes artistes en puissances : Julia Baudry, Rayane Saïd, Anne Le Mintier, Romain Garnier et Maël Mubalegh et Juliette Philippeau.
            Cette semaine, ils avaient comme thème « l’égographie », ou comme le définit Romain « une carte qui nous reflète ». Cela a permis de les faire réfléchir sur ce qu’ils considèrent (ou non) comme leur territoire. Pour les mêmes questions chacun nous a donné sa propre réponse, sa propre vision des choses. Ils ne voient pas tous l’endroit où ils vivent comme étant leur territoire. Julia par exemple, est née à Blois et y a toujours vécu, mais elle nous à confier qu’elle se sentait chez elle ici et qu’en même temps elle connaissait peut-être trop l’endroit pour s’y intéresser et pour ne pas s’y ennuyer. Lorsque nous avons posé cette même question à Rayane, il nous a répondu que même s’il a passé toute son enfance à Paris, il se sent plus chez lui, ici, à Blois, et sans l’idée d’ennui que Julia peut éprouver.
Deux de nos artistes en puissances, Maël et Juliette, eux, abordent différemment cette notion de territoire. Ils ont, comme dit Maël, la capacité d’être chez eux ici « comme partout ailleurs » ; Juliette est même d’avis que l’on « se crée un peu notre chez soi » partout où on va. Or, il existe des personnes qui ne se sentent pas ici chez elles, dont le cœur est ailleurs.

            Nous avons aussi demandé le point de vue d’une artiste expérimentée qui utilise le territoire comme outil de travail. Elle a pu nous fournir une définition qui diffère de ce que nous avons dit avant, elle « l’ulitise telle une notion abstraite, parce qu[’elle] le redessine. (…) [et] prends prétexte de la carte pour toucher d’autres territoires qui seront prétextes à réalisation d’œuvres ». Elle insiste sur le fait qu’elle ne fait pas d’urbanisme c’est un domaine très normé, alors que pour elle le territoire est un espace de création sans code.


lundi 7 avril 2014

Et coule la Loire...

Maël M. a réalisé cette vidéo pendant le workshop sur les cartes égographiques. 

vendredi 4 avril 2014

Votre territoire, c'est quoi ?

Une vidéo réalisée par Cyprienne, Gabrielle et Louise. Des passants, des artistes, confirmés ou à venir... des témoignages bruts de forme, qu'on peut retrouver en partie dans les interviews publiés.

jeudi 27 mars 2014

Prêts à entrer dans la borne !

De la peinture, des photos, de la retouche d'images, des volumes, la création a emprunté de multiple voies pour mieux cerner notre territoire.

Aline, Variations cartographiques autour de la Maison de la Magie


Baptiste, Parcours singulier


Rayane, Ligne de métro









Clémence, Les Pierres marquantes


Romain, Elevé en plein air




Emma, Carte-mère



Julia, Ne le dis à personne (pièces à conviction)


Juliette, Escalier de la Maladrerie





Marie, Carte des ombres




Tom, Encarté



Anne, Invitation au voyage












Emily, Les Bancs publics



dimanche 23 mars 2014

Quelques Historiennes des arts au travail...











Tout le monde n'est pas photographié, les autres étaient en pleine réflexion ailleurs, mais on les aura la prochaine fois !