Cannelle Tanc
Présentation
Diplômé des Beaux-Arts à Paris en 1997, Cannelle Tanc
obtiens un master en Histoire de l’art contemporain à Paris
I La Sorbonne, Centre Michelet, en 2003. En 2000, elle ouvre avec Frédéric
Vincent l'espace d'art “Immanence” à Paris.
Cannelle Tanc à exposée notamment en 2009 à la Force de l’Art 02, la triennale, au Grand Palais / en 2010 au
Cabaret Voltaire et à l’Architekturforum, Zürich, Suisse / en 2011 à BLAF - festival d’arts visuels de Bratislava, Institut Français de Slovénie
; Artfoyer & symposium/talk at the White Space, Zürich / en 2012 à la Fondation Moret, Martiny, Suisse ; aux Grandes
Galeries à l’esadhar, campus de Rouen ; au Coin des rêves, le 6B, Saint-Denis ;
à Flat 1, Institut Français, Vienne...
Depuis 2006, mes rencontres et mes projets se sont tournés d’abord
vers l’Allemagne et plus précisément depuis 2010 vers la Suisse. Ma recherche
autour des cartes et de la notion de territoire a commencé en résidence à L’âge
d’or à Berlin en 2006. Puis elle s’est élargie à l’architecture et à ses
matériaux. De la réalisation d’objet en carte, je suis passée à la photographie
et à la réalisation de «volume sculpture» à partir de l’idée d’architectures
légères.
Références :
Le travail de Smithson : Unititled circular
Map, vers 1968-1970, Carte découpé
Dennis Oppenheim : Time Pocket, 1968
Jasper Johns : Map 1966-1971, encaustique et collage sur toile
R. Buckminster Fuller : La carte du monde
de l'énergie représentée en projection Dymaxion
Dodécaèdre, têtes
humaines-têtes d'animaux, fin XVIème siècle, papier bois, métal, dimension 39
cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne.
L’essentiel
de mon travail se construit à partir de cartes urbaines et autour de
l’architecture expérimentale.
Par
l’acte du découpage, j’enlève, dans les plans, les zones construites tout en
préservant les rues, les espaces verts et l’eau qui parcourent les villes. Ces
plans troués, découpés mettent au jour le dessin des villes. Chaque ville se
révèle particulière et souvent son dessin illustre son histoire. Des villes
vidées, d’où je retire soigneusement les zones habitables, où ne résident plus
que les rues, l’eau et la nature deviennent, alors, des filtres pour de
nouveaux paysages.
Les plans fonctionnent comme une grille ou comme l’image d’une dentelle, qui me permet de m’en servir pour appréhender
l’architecture des villes. Cette grille est, selon Rem Koolhaas, cet
inconscient qui structure la ville. C’est aussi un élément de décor, les
ambiances urbaines peuvent, alors, se vivre comme s’il s’agissait de plateaux de cinéma si
l’on pense à Guy Debord, à Asger Jorn, ou encore à Gil Wolman.
Démêler ces lignes c’est aussi tracer une carte car cartographier,
c’est arpenter des terres inconnues. Mon travail s’installe sur mes propres
lignes, elles
ne se contentent pas seulement de composer un
dispositif, mais de le traverser, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, et au final
de le redresser, de le plier, de le froisser.
Découper
et retirer ce qui n’est ni espace vert, ni fleuve, ni voie de circulation et
puis plier pour reformer un nouveau volume. De cette manière, la carte, qui
n’est jamais la réalité, n’est plus arrêtée par ses bords, la représentation
perd ses limites.
L’ensemble
obtenu contraste souvent avec l’idée que l’on se fait d’une mégapole actuelle:
à l’image de densité, de concentration de bloc, l’espace est découpé pour faire
ressortir, la lumière, la transparence, l’interstice, suggérant ainsi que le
nouveau luxe urbain serait le vide, se lirait à la lumière des creux et des
transparences, à l’importance des friches, des voies de circulation.
En
privilégiant un matériau et des procédés, comme une carte papier, des photos,
des ciseaux, je choisis une économie de moyen, invitant là encore à réfléchir.
Découper
est aussi une manière de dessiner, de retracer des lignes, et en les pliant, je
m’approprie la pensée de Deleuze, une ville n’est pas uniquement une somme
d’habitats individuels et d’institutions mais plutôt un dessin, un tissu de
réseaux, de plis, toujours en devenir qu’il nous appartient de penser et de
faire évoluer avec économie et légèreté.
Par le pliage, je construis des volumes qui expriment, pour moi, l’image de la
ville. Ces dentelles que je transforme en pliage deviennent des métaphores des
villes sur lesquelles je travaille. Le choix des villes est lié soit à
l’opportunité de mes déplacements, soit par leur impact imaginatif agissant, ou
encore par leurs intérêts historiques, le rôle de catalyseurs de modernités
qu’elles annoncent.
C’est
ensuite que je photographie, dans une superposition «en situation réelle» plan
et architecture.
Le
choix devant lequel sont posés les plans est un choix architectural, une
recherche de l’utopie de la différence en architecture. Un travail qui essaye
de cerner l’histoire des «Architectures expérimentales», à l’instar du travail
de Robert Mallet-Stevens, Rem Koolhaas, Claude Parent, Yona Friedman, Le
Corbusier, Bernard Tschumi, André Bloc, Constant, Lotiron/Perriand, Shigeru
Ban, Jun Aoki, Hitoshi Abe, Kazuko Akamatsu, Shuhei Endo, Yoko Nagayama. Des
architectes, dont les œuvres manifestent une approche artistique et qui mettent
en jeu une notion de l’espace très particulière ainsi que la situation du corps
dans ce même espace, créant par là-même des œuvres singulières et souvent
uniques. Toutes ces œuvres opèrent le passage entre modernité et architecture
contemporaine. Photographiées devant des constructions emblématiques, ces
dentelles de villes acquièrent une double identité.
Piste de travail :
Partir de carte et du territoire
de Blois
Comment juxtaposer une carte (personnel et/ou réel) avec un
territoire donné.
Le
carreau Wendel : Lors de ce projet sur le territoire de Forbach, j'ai mis
mon regard et mon écoute à la disposition de l'histoire du site du Carreau
Wendel et des habitants de ce territoire. J'ai commencé mon travail en
demandant un plan de la mine, puis avec la directrice de la galerie à l'origine
du projet, nous avons arpenté la région. Le plan dessinait la mine comme un
arbre structurant toute la région et l'implantation des sites construits. A
chaque catégorie sociale correspondait un style d'habitat défini. Le plan de la
mine dessinait le sous sol de la région, la partie immergée, vide. Et moi je
découvrais la partie supérieure, construite et habitée. C'est de façon évidente
que mon exposition se construirait à partir du plan de la mine, élaboré comme
un plan hypothétique de la région. Aujourd'hui, même si les frontières entre
les catégories sociales et le type d'habitant tendent à s'effacer, il reste néanmoins
une historicité architecturale et une réalité sociale visible.
Ce livre retrace cette expérience à
travers la documentation que j'ai pu recueillir, l'ensemble des photographies
prises sur le territoire, et des vues d'exposition.
Palast der Republik : Entre 2006 et 2009 lors de nos séjours à Berlin,
nous avons suivi la destruction d'un bâtiment emblématique de la ville, le
" Palast der Republik". Nous avons documenté cette destruction par
des photographies, des films et des vidéos. Ce livre présente le résultat de
ce projet où pendant trois années, nous avons vécu nos histoires berlinoise au
rythme du Palais de la République.
Il y a eu de nombreux débats qui ont eu cours en
Allemagne pour la destruction ou non de cet édifice. Que reconstruire à la place?
pourquoi? comment ?
Ouvert en 1976, le Palais de la République, fut
le siège de la Volkskammer, la chambre du peuple, le parlement
Est-Allemand et un important édifice culturel. En 2002, le Bundestag se
prononce pour sa destruction qui commencera le 27 février 2006 et pris fin le 2
décembre 2008. Le Bundestag à décidé de remplacer le Palais de la
République par le Forum Humbolt qui abritera le Musée des cultures
extra-européennes, la Bibliothèque Centrale ainsi que la collection historique
de l'Université Humbolt . Le nouveau bâtiment reprendra la façade de
l'ancien château de Berlin détruit en 1950 suite aux bombardements de la
seconde guerre mondiale.
Le Palais de la République n'a pas été dynamité
pour ne pas déstabiliser la cathédrale voisine, il a du être démonté petit à
petit, c'est ce démontage que nous avons suivi. A l'emplacement du Palais de la
République, il est décidé d'y aménager un espace vert temporaire en attendant
la construction du Forum Humboldt.
Pendant toutes ses années, nous nous sommes
passionné pour ce bâtiment, son histoire et à travers lui la ville de Berlin.
Nous nous sommes pris au jeu de suivre sa destruction jusqu'au dernier jour.