La carte des amants imaginé par le poète Francis Ricard dans un texte intitulé " J'ai rebaptisé les rues de ma ville"
Source : http://www.printempsdespoetes.com
poète
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Francis Ricard | |||||
poème
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que me font tous ces noms que je ne connais pas ces rois, ces maréchaux, ces généraux d’antan quand j’arpente ma ville, mon amour, où que j’aille c’est à toi que je rêve sur ce champ de bataille que me font tous ces noms que je ne connais pas ces savants oubliés, ces sportifs, ces tyrans ces régions, ces héros, ces dates historiques je ne connais que toi partout où je me risque que me font tous ces noms que je ne connais pas sculpteurs, danseurs, artistes peintres et musiciens écrivains négligés, physiciens, médecins mon pas est incertain s’il ne te connaît pas alors j’ai gribouillé le plan rebaptisé les rues pour aller désormais du pas sûr de l’amant chaque nuit je remplace une plaque des rues de ma ville chaque nuit je rebaptise les rues de ma ville et le jour je te cherche rue du café où au petit matin on a pris notre premier petit déjeuner rue où tu t’es foulé une cheville en voulant jouer à saute mouton rue où en sortant du théâtre tu n’as pas parlé pendant une heure rue du cinéma que tu aimais tant et qui a été détruit rue du restaurant où tu as trouvé un cafard dans ta salade rue de l’hôtel où tu as oublié une culotte mise à sécher rue de la librairie où l’on trouve de vieux 10/18 introuvables rue de l’immeuble où n’en pouvant plus tu as fait pipi dans l’entrée rue où tu t’es fait photographier dans les bras de Barbara rue de l’épicerie où les légumes sont les plus frais du monde rue du fromager qui te fait rire parce qu’il ressemble à ses fromages rue du boulanger parce que tu trouves la boulangère très belle rue de l’armurier où tu n’as plus jamais voulu passer rue du torréfacteur où tu rêvais de voyages orientaux rue de l’amour où je n’ai pas changé la plaque rue où tu m’as pris pour la première fois par le cou rue où tu m’as pris la main pour la première fois rue où pour la première fois tu as refusé de m’embrasser rue du restaurant tzigane qui descend vers le fleuve rue où le gros monsieur barbu t’a demandée en mariage sur un air d’opéra rue où habitaient tes parents autrefois rue où tu disais toujours qu’on se croirait à Prague rue de la pâtisserie où l’on trouve les meilleurs gâteaux des rois rue où ce sauvage a arraché ton sac et volé si peu d’argent rue où tu as pleuré pour ce chien écrasé rue des synonymes rue de l\'étourderie rue des enfants rue du soleil rue de l\'éclipse rue de la poésie j’arpente chaque jour ma nouvelle cité où les gens sont perdus, toi et moi retrouvés je tiens ta douce main, je sais donc où je vais dans tes pas, souriant, je vais te retrouver ma ville n’est enfin plus ce champ de bataille cette encyclopédie, ce dictionnaire en braille c’est l’album souvenir, la carte des amants mappemonde du temps, du temps où tu étais là |
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édition
printemps des poetes |
2006 | |||||
genre
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Poèmes sur la ville |
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