Depuis
le 07 mars dernier, la « borne » s’est arrêtée dans la ville de Blois,
place Jean Jaurès.
Mais
qu’est-ce que la « borne » ? On peut définir la borne comme un
espace itinérant permettant de mettre en contact l’art contemporain et le grand
public. Elle ressemble à une sorte de
container ou de caravane de 8m² recouverte de zinc. L’artiste peut aménager
l’intérieur de celle-ci à son bon vouloir, comme s’il avait à faire à une toile
blanche.
Cette
borne et tout ce qu’elle implique nous a amené à nous interroger sur la notion
de territoire.
La notion de territoire.
Au
quotidien, on définit le territoire comme l’étendue de terre occupée par un
groupe d’humains ; ou alors un espace donné aménagé par le vivant en
général. Il est donc normal de penser que l’espace où l’on réside soit notre
territoire. Or, en s’intéressant de plus près à ce qui se passe autour de nous,
on remarque que la réalité s’avère être plus compliquée que ce qu’il n‘y parait
:
§ Tout
d’abord, le territoire est lié à la vie de manière historique : la vie sur
Terre est née, grâce à des conditions territoriales très spécifiques comme la
présence d’une atmosphère par exemple. Si ces conditions n’avaient pas été réunies, il n’y aurait pas eu la
possibilité d’un développement du vivant. L’ensemble des conditions générales
créent un territoire spécifique.
§ Ensuite,
nous pouvons asserter, dans le cadre de la culture, l’existence d’un passage
entre la vie propre correspondant au territoire de survie, et la vie
quotidienne correspondant au territoire symbolique. Prenons l’exemple des
premiers Hommes, vivant dans un monde hostile, ils avaient pour priorité de
survivre et ce n’est que plus tard, avec l’évolution de leurs conditions de
vie, qu’ils ont pu, en délaissant la survie, davantage observer ce qui les
entourait, et ainsi commencer à étager une certaine symbolique sur leur
territoire en nommant les choses.
§ Enfin,
nous pouvons remarquer que de nos jours, à la différence de nos ancêtres qui
choisissaient leur lieu de vie selon la nourriture, ou la sécurité qu’ils
pouvaient y trouver, l’Homme s’inscrit dans un territoire non pas pour son
contenu mais pour ce qu’il représente. Par exemple, un homme se dira fier
d’être d’un pays, pour l’image positive qui en émane, c’est une question de
symbolique et non plus de contenu.
La
notion de territoire appliquée à l’art.
Dans
le traitement de cette notion, un problème se pose tout de même à nous :
le langage nous empêche de définir entièrement ce qu’est notre
territoire. Les mots ne sont pas à même d’exprimer toutes les émotions. Pour
pallier à ce problème, il y a l’art. L’artiste peut exprimer ce dont le langage
est incapable.
De plus, là où « Mr tout le monde » verra le
territoire qui l’entoure comme banal et sans intérêt ; l’artiste, lui,
pourra y percevoir sa singularité. L’artiste analysera, et métamorphosera les
symboles et les normes qui sont attachés à notre territoire et proposera
ainsi une vision originale du monde.
Ce qu’en pensent les
artistes…
Au cours de nos recherches, nous
avons jugé bon de d’interviewer des « experts ». D’abord une artiste
aguerrie, Cannelle Tanc, puis de jeunes artistes en puissances : Julia
Baudry, Rayane Saïd, Anne Le Mintier, Romain Garnier et Maël Mubalegh et
Juliette Philippeau.
Cette
semaine, ils avaient comme thème « l’égographie », ou comme le
définit Romain « une carte qui nous reflète ». Cela a permis de les
faire réfléchir sur ce qu’ils considèrent (ou non) comme leur territoire. Pour
les mêmes questions chacun nous a donné sa propre réponse, sa propre vision des
choses. Ils ne voient pas tous l’endroit où ils vivent comme étant leur
territoire. Julia par exemple, est née à Blois et y a toujours vécu, mais elle
nous à confier qu’elle se sentait chez elle ici et qu’en même temps elle
connaissait peut-être trop l’endroit pour s’y intéresser et pour ne pas s’y
ennuyer. Lorsque nous avons posé cette même question à Rayane, il nous a
répondu que même s’il a passé toute son enfance à Paris, il se sent plus chez
lui, ici, à Blois, et sans l’idée d’ennui que Julia peut éprouver.
Deux
de nos artistes en puissances, Maël et Juliette, eux, abordent différemment
cette notion de territoire. Ils ont, comme dit Maël, la capacité d’être chez
eux ici « comme partout ailleurs » ; Juliette est même d’avis
que l’on « se crée un peu notre chez soi » partout où on va. Or, il
existe des personnes qui ne se sentent pas ici chez elles, dont le cœur est
ailleurs.
Nous avons aussi demandé le point de
vue d’une artiste expérimentée qui utilise le territoire comme outil de
travail. Elle a pu nous fournir une définition qui diffère de ce que nous avons
dit avant, elle « l’ulitise telle une notion abstraite, parce qu[’elle] le
redessine. (…) [et] prends prétexte de la carte pour toucher d’autres territoires
qui seront prétextes à réalisation d’œuvres ». Elle insiste sur le fait
qu’elle ne fait pas d’urbanisme c’est un domaine très normé, alors que pour
elle le territoire est un espace de création sans code.
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