dimanche 13 avril 2014

L'Arty Territoire



Depuis le 07 mars dernier, la « borne » s’est arrêtée dans la ville de Blois, place Jean Jaurès.
Mais qu’est-ce que la « borne » ? On peut définir la borne comme un espace itinérant permettant de mettre en contact l’art contemporain et le grand public. Elle ressemble  à une sorte de container ou de caravane de 8m² recouverte de zinc. L’artiste peut aménager l’intérieur de celle-ci à son bon vouloir, comme s’il avait à faire à une toile blanche.
Cette borne et tout ce qu’elle implique nous a amené à nous interroger sur la notion de territoire.

La notion de territoire.
Au quotidien, on définit le territoire comme l’étendue de terre occupée par un groupe d’humains ; ou alors un espace donné aménagé par le vivant en général. Il est donc normal de penser que l’espace où l’on réside soit notre territoire. Or, en s’intéressant de plus près à ce qui se passe autour de nous, on remarque que la réalité s’avère être plus compliquée que ce qu’il n‘y parait :
§  Tout d’abord, le territoire est lié à la vie de manière historique : la vie sur Terre est née, grâce à des conditions territoriales très spécifiques comme la présence d’une atmosphère par exemple. Si ces conditions n’avaient  pas été réunies, il n’y aurait pas eu la possibilité d’un développement du vivant. L’ensemble des conditions générales créent un territoire spécifique.

§  Ensuite, nous pouvons asserter, dans le cadre de la culture, l’existence d’un passage entre la vie propre correspondant au territoire de survie, et la vie quotidienne correspondant au territoire symbolique. Prenons l’exemple des premiers Hommes, vivant dans un monde hostile, ils avaient pour priorité de survivre et ce n’est que plus tard, avec l’évolution de leurs conditions de vie, qu’ils ont pu, en délaissant la survie, davantage observer ce qui les entourait, et ainsi commencer à étager une certaine symbolique sur leur territoire en nommant les choses.


§  Enfin, nous pouvons remarquer que de nos jours, à la différence de nos ancêtres qui choisissaient leur lieu de vie selon la nourriture, ou la sécurité qu’ils pouvaient y trouver, l’Homme s’inscrit dans un territoire non pas pour son contenu mais pour ce qu’il représente. Par exemple, un homme se dira fier d’être d’un pays, pour l’image positive qui en émane, c’est une question de symbolique et non plus de contenu.


La notion de territoire appliquée à l’art.
            Dans le traitement de cette notion, un problème se pose tout de même à nous : le langage nous empêche de définir entièrement ce qu’est notre territoire. Les mots ne sont pas à même d’exprimer toutes les émotions. Pour pallier à ce problème, il y a l’art. L’artiste peut exprimer ce dont le langage est incapable.
            De plus, là où « Mr tout le monde » verra le territoire qui l’entoure comme banal et sans intérêt ; l’artiste, lui, pourra y percevoir sa singularité. L’artiste analysera, et métamorphosera les symboles et les normes qui sont attachés à notre territoire et proposera ainsi  une vision originale du monde.


           
Ce qu’en pensent les artistes…
            Au cours de nos recherches, nous avons jugé bon de d’interviewer des « experts ». D’abord une artiste aguerrie, Cannelle Tanc, puis de jeunes artistes en puissances : Julia Baudry, Rayane Saïd, Anne Le Mintier, Romain Garnier et Maël Mubalegh et Juliette Philippeau.
            Cette semaine, ils avaient comme thème « l’égographie », ou comme le définit Romain « une carte qui nous reflète ». Cela a permis de les faire réfléchir sur ce qu’ils considèrent (ou non) comme leur territoire. Pour les mêmes questions chacun nous a donné sa propre réponse, sa propre vision des choses. Ils ne voient pas tous l’endroit où ils vivent comme étant leur territoire. Julia par exemple, est née à Blois et y a toujours vécu, mais elle nous à confier qu’elle se sentait chez elle ici et qu’en même temps elle connaissait peut-être trop l’endroit pour s’y intéresser et pour ne pas s’y ennuyer. Lorsque nous avons posé cette même question à Rayane, il nous a répondu que même s’il a passé toute son enfance à Paris, il se sent plus chez lui, ici, à Blois, et sans l’idée d’ennui que Julia peut éprouver.
Deux de nos artistes en puissances, Maël et Juliette, eux, abordent différemment cette notion de territoire. Ils ont, comme dit Maël, la capacité d’être chez eux ici « comme partout ailleurs » ; Juliette est même d’avis que l’on « se crée un peu notre chez soi » partout où on va. Or, il existe des personnes qui ne se sentent pas ici chez elles, dont le cœur est ailleurs.

            Nous avons aussi demandé le point de vue d’une artiste expérimentée qui utilise le territoire comme outil de travail. Elle a pu nous fournir une définition qui diffère de ce que nous avons dit avant, elle « l’ulitise telle une notion abstraite, parce qu[’elle] le redessine. (…) [et] prends prétexte de la carte pour toucher d’autres territoires qui seront prétextes à réalisation d’œuvres ». Elle insiste sur le fait qu’elle ne fait pas d’urbanisme c’est un domaine très normé, alors que pour elle le territoire est un espace de création sans code.


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